Sasha Ostrovskaya est autrice et scénariste pour des expériences sociales et des productions en ligne en Russie et au Kazakhstan, dans lesquelles les téléspectateurs des émissions peuvent contrôler les actions des personnages dans un lieu donné (semblable à un jeu vidéo, mais avec des personnes réelles). En 2019, elle étudie les options d’interaction entre les individus et les groupes sociaux dans le projet en ligne Experiment-12, basé sur l’expérience de Stanford. En 2020, elle est l’autrice d’une performance immersive, Another Life, réalisée par la Fondation de l’orphelinat Arithmetic of Kindness, dans laquelle des spectateurs aux capacités perceptives limitées, les yeux bandés, font l’expérience de vivre dans un orphelinat. En 2022, elle produit et écrit le scénario d’une performance inclusive et immersive pour des enfants malvoyants, qui constituait en une excursion d’exposition, avec des reconstitutions d’œuvres d’art faisant appel à d’autres sens que la vue, comme l’ouïe ou le toucher. Le projet a été commandé pour le Centre d’art contemporain GES à Moscou mais a été annulé en raison de la guerre.
Depuis 2021, elle travaille à un projet créatif commun avec Sasha Greda, 9A, un collectif artistique de poètes russes contemporains.
Ensemble, ils ont organisé des spectacles basés sur la synergie d’artistes issus de différentes disciplines artistiques : un poète lisant ses écrits, un artiste dessinant des images liées aux vers qu’il entend en temps réel, et des musiciens improvisant au rythme et à l’humeur des poèmes lus. En avril 2022, ils ont organisé une représentation anti-guerre « Bucha-Moscou », consistant à reproduire dans l’espace public, la position des cadavres de Bucha après le retrait des troupes russes. Cette action a eu comme conséquences des persécutions politiques. Ils ont passé deux semaines en maison d’arrêt et ont dû quitter la Russie pour éviter des poursuites pénales.
Projet de résidence :
En arrivant en France, ils ont été stupéfaits de constater que les violences domestiques, et de manière générale la violence à l’égard des femmes, constituaient un véritable problème de société comme en Russie, où beaucoup de mesures et d’actions en termes de rapports hommes-femmes restent à faire.
Inspirés par ce constat pour leur résidence, ils souhaitent écrire une représentation théâtrale en français intitulée La Liberté guidant le peuple ? en référence au célèbre tableau de Delacroix. Ils mettent ici en lumière l’allégorie de la liberté, une femme, comme un symbole contre ces violences.
Le début de la résidence consiste en une collecte de témoignages de femmes ayant été victimes de violences domestiques ainsi que des recherches sur le rôle de la société vis-à-vis de ces violences.
La représentation finale est participative : les spectateurs peuvent voter en ligne sur une plateforme dédiée, influençant ainsi le scénario. La fin du spectacle se déroule en fonction des différents votes. Le choix du public est une incitation à se positionner sur les violences domestiques car dans les faits l’absence de choix dans ces situations peut être fatale pour les victimes.
La performance-expérience permet ainsi de mieux comprendre les réactions de la société civile face à des situations réelles et de mesurer le degré d’interaction, d’empathie ou de pression sur les personnes impliquées dans les événements.