Né à Keriye en 1992, dans la région ouïghoure, Erpan Hesher a créé son premier ensemble musical à Pékin en 2008 et en est devenu le producteur. Par la suite, il a initié un travail de création avec des musiciens issus de nombreuses nationalités et de diverses minorités ethniques. A la même période, il rejoint un groupe appelé "Nuclear Fusion G" et devient artiste spécialiste de “sampling” électronique. En 2012, son diplôme de fin de lycée en poche, il devient alors musicien indépendant. En 2013, il s’installe à Shanghai, où il créé une organisation indépendante pour les artistes connue sous le nom de "Rock Family", aux côtés d'artistes de l'ensemble Aishan Rock.

Pendant cette période, il organise plus d'une centaine de performances et d'événements artistiques différents avec la "Rock Family", un des événements phares et qui connaît un grand succès, est connu sous le nom d’ "ART MIX Festival" à Shanghai. En 2014, il co-fonde un duo de musique électronique live appelé "NONE SOUNDS", qui souhaite faire rayonner la musique contemporaine ouïghoure en Europe et dans le monde.

En 2016, il s'installe à Tokyo pour étudier le design sonore et les techniques de synthétiseur modulaire au MI de Tokyo. Il explore plus en profondeur l'art sonore et se fait reconnaître en tant qu'artiste sonore indépendant sous le nom d’"Hesher" sur la scène tokyoite. A la fin de 2018, la poursuite du projet "NONE SOUNDS" le conduit en Europe.

En 2019, il s’installe en Serbie pour continuer le développement créatif de "NONE SOUNDS" avec son partenaire musical Aishan. Lors de son séjour à Belgrade, il collabore avec des artistes locaux de musique électronique tels que "MKDSL" et "Filip Fisher". Il fait également partie d'un projet de musique éléctronique appelé "Ljubi Brt", qui inclue la participation d’un batteur PEDJA.

En 2020, Erpan décide de s’établir en France pour poursuivre son travail créatif. Il ouvre un nouveau chapitre dans sa recherche artistique pour propulser "None Sounds" et sa carrière personnelle sur la scène européenne. Aujourd'hui, il évolue en tant que musicien électronique, artiste sonore et producteur musical, il partage son temps de création entre ces différents domaines. Il rencontre ainsi des artistes de nombreux pays autour de projets multiformes, ce qui lui permet de développer une large gamme de collaborations artistiques avec des chorégraphes et danseurs, des poètes, des réalisateurs de films de fiction et de films documentaires, des producteurs de podcasts et des marques de mode.

Aujourd’hui, Erpan aspire à étendre son voyage musical et artistique plus avant dans le monde libre. Il souhaite partager sa passion, son enthousiasme et ses inspirations artistiques avec le public à travers des actions éducatives à destination de publics divers.

Projet de résidence :

Le projet qui sera développé s'intitule Cauchemar/Qoshmaq. Il s'inspirera de témoignages de membres de la communauté ouïghoure, notamment de la matière inconsciente des rêves et cauchemars qui traduisent les angoisses de la diaspora, autant que leurs aspirations à retrouver les membres de leur famille, et à leur lutte active pour ne pas se retrouver dépossédé de leur identité subjective et culturelle.

Il s’agit de produire une performance live qui décrive de manière poétique les effets intimes des séparations forcées. Le projet tire son nom de la combinaison de deux termes : le terme français « Cauchemar » qui représente la projection onirique inconsciente des peurs, des désirs et conflits inhérents à chaque être humain, et le terme ouïghour «Qoshmaq »(cauch-marq) qui signifie « paire» et qui indique un mode de relation duel pouvant décrire la relation de jumeaux, mais aussi de partenaires ou de deux moitiés initialement unies puis divisées. Notre projet s’inspire du mythe de l’Androgyne, et de la nostalgie d’une moitié perdue, mais également des cycles de contes mettant en scène les personnages de deux frères séparés, tels que décrits par le survivant des camp de concentration et psychanalyste, Bruno Bettelheim dans son ouvrage Psychanalyse des contes de fées.

Le collectif réalisera une performance live qui sera un mélange des différentes sensibilités artistiques impliquées et qui réunira différentes disciplines : musique, poésie, danse, art graphique. Les contenus artistiques seront nourris par des recherches géopolitiques, juridiques et psychologiques, menées par l'équipe dirigée par l’Institut Ouighour d’Europe autour du thème « mental harm and genocide ».

La performance durera 60 minutes, et comprendra deux interprètes. Elle sera le résultat de contaminations poétiques et musicales, enrichies par une étude approfondie des rythmes du corps et de la mémoire.