Julieta Koop est actrice, interprète, metteur en scène et dramaturge. Elle travaille dans le domaine du théâtre depuis 2008 en tant qu'actrice dans des créations collectives avec différents groupes.
En 2020, elle écrit sa première pièce, qui ouvre une nouvelle voie dans sa carrière de créatrice de scènes. En 2022, elle reçoit avec sa collègue Danae Cisneros le prix "100 Artists" de la fondation suisse Artlink, en reconnaissance de leur travail en tant qu'artistes en Argentine.
Elle est titulaire d'un diplôme d'actrice de l'Université nationale des arts de Buenos Aires, en Argentine, et d'un master en pratique des arts du spectacle et culture visuelle du musée Reina Sofía et de l'université de Castilla-La Mancha. Son travail se distingue par l'exploration de la théâtralité dans des espaces non conventionnels, par l'utilisation de textes littéraires et de matériaux autobiographiques. Elle développe des spectacles dans des espaces alternatifs tels qu'un musée, un parc ou un vieux manoir.
Sa formation universitaire et son travail d'enseignante en sémiotique théâtrale l'ont amenée à s'intéresser au langage et à nos façons de nommer, à la manière dont l'idéologie circule dans les mots.
Projet de résidence :
La pièce “Futur cendres futur” se situe dans un futur dystopique où le feu a triomphé de la perspicacité humaine: en 2050, l'Argentine s'est transformée en un désert de cendres. Les parcs nationaux, mais aussi les villes, ont été incendiés. Deux survivantes, X et Y, tentent de se sauver en migrant de Buenos Aires vers l'île Martín García, dernier vestige de vie locale. Sur leur chemin, elles trouvent quelque chose qui devient un trésor: l'œuf d'un condor perdu après les migrations des espèces.
Elles ressentent l'urgence de le sauver, espérant qu'il portera leurs messages vers d'autres terres, vers d'autres survivants potentiels. Il n'y a plus d'internet, plus de téléphones, les moyens de communication habituels n'existent plus. Pour survivre, elles doivent remettre en question leur langage. Elles doivent réapprendre à nommer, car la technologie a appauvri le langage. Nous partons d'une hypothèse que nous commençons déjà à observer dans notre vie quotidienne : après des décennies de communication virtuelle, d'envoi de messages par voie numérique, notre façon de nous exprimer s'est transformée ; les signifiants et les signifiés ont changé. Nous savons aussi que la langue est mutable dans la diachronie, à travers le passage du temps et la transformation de la masse parlante. Alors, elles devront repenser leur façon de demander de l'aide, et devront retracer le lien entre humains et animaux, car seules, elles ne peuvent survivre. Ce sont elles, l'œuf du condor et le monde.
Le travail, d'un point de vue formel, sera une expérimentation avec le langage, qui se transformera au fil de la pièce. Au début, X et Y parlent avec un lexique que nous imaginons avoir subi les modifications du XXIe siècle et des nouvelles technologies.
Le projet cherchera à imaginer ce dialecte possible et, à partir de cette hypothèse, construira la poétique de l'œuvre. Leurs mots seront semblables à ceux que nous connaissons, mais pas identiques ; leurs phrases seront syntaxiquement une synthèse; leur échange sera un hybride entre passé et futur. Le sauvetage de leurs vies les amènera à la redécouverte de mots perdus, désuets. Dans leur traversée, elles trouveront des vestiges de peuples, de cultures et de pratiques oubliées, écrasées par l'avancée de la technologie et la logique du profit capitaliste maximal. Elles apprendront à écrire et à nommer ce qu'elles voient, ce qu'elles ne connaissent pas. Elles créeront un nouveau monde à partir des cendres.