Interroger les rêves et les possibilités concrètes d’émancipation pour les femmes victimes de systèmes sexistes et conservateurs a été l’ambition de Duaa Qishta pendant un mois de résidence passée à Château Mercier, en Suisse. Duaa Qishta est une artiste plasticienne palestinienne, lauréate du programme NORA pour l'édition 2022.
À travers le vélo, élément central du projet intitulé Bicyclette, Duaa Qishta pense l’affranchissement de la femme palestinienne, et des femmes arabes en général. Par le biais de différentes techniques (peinture à l’huile, collage, croquis ou encore installations), les traditions et comportements qui oppressent les femmes sont révélés pour mieux être contournés.
Dès lors, le vélo apparaît comme un moyen d’éprouver le sentiment de liberté : choix de l’itinéraire et de la cadence, activité solitaire, geste mécanique qui libère l’esprit, déplacement dans l’espace public pour s’approprier ou se réapproprier un lieu devenu hostile, etc.
« Au cours de cette résidence de quatre semaines, j'ai souhaité également sentir le plaisir de rouler à vélo dans une géographie montagneuse et une nature enneigée ; où j’ai pu, en toute liberté, éprouver la vitesse, l’infinitude de l’espace, à l’abri des regards réprobateurs et des reproches. »
« Il s’agit de reconstruire une expérience désaliénée du tissu urbain, une expérience des symboles urbains perdus ou négligés à travers une expérience de pensée, celle d’une promenade à vélo dont le but est de faire émerger une conscience personnelle de la géographie urbaine. »
Duaa Qishta incarne un art féministe moyen-oriental grâce auquel les femmes deviennent sujets et non plus objets :
« Je m’imagine de la sorte chevalière à vélo, combattant ma société finissant par gagner et acquérir la liberté dans les ruelles de Gaza. »
Le vélo devient ainsi un objet hautement symbolique pour l’artiste : symbole d’émancipation féminine et de reconquête du pouvoir sur soi, incarnation du déplacement et par ricochet de son exil, ainsi que témoin d’un accomplissement personnel étant donné que Duaa Qishta rêvait d’apprendre à en faire, chose faite une fois arrivée en France.
« J’ai développé aussi ma propre relation intime à cette pratique, afin d’avancer dans ma recherche et de trouver la juste implication dans mon travail. »
Si les résidences offrent des cadres propices à la création en solitaire, elles n’en sont pas moins des temps pour se rencontrer. Être un.e artiste en résidence signifie s’imprégner d’un lieu et être ouvert.e à son environnement, à la rencontre des publics ou d’autres artistes. De ces temps de partage peuvent naître de nouvelles orientations artistiques ou simplement des moments uniques de convivialité. C’est ce qu’a pu expérimenter Duaa Qishta aux côtés de jeunes élèves :
« En plus, dans le cadre de mon projet, j’ai préparé un merveilleux atelier avec les élèves de l'école Co Goubing à Sierre, sous la supervision du professeur d'art Marinette Barone. Grâce à cet atelier, j'ai découvert de nouvelles perceptions qui m'aideront à mener à bien le projet dans le futur. »
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