Hatem Hadawi/

comédien, danseur

Hatem Hadawi

2021

Hatem est un comédien et auteur, et danseur soufi, originaire de la ville de Deir Ez-Zor en Syrie. Adolescent, il est un grand amoureux des lettres et du langage, écrivant des poèmes et doué pour la calligraphie. Pendant ses études, il intègre la troupe d’artistes professionnels Al-Wadi, fondé par Deram Saffan, réalisateur et dramaturge, qui lui fait découvrir le théâtre. Dès lors, il se consacre pleinement à cet art. Il se forme au jeu d’acteur à leurs côtés, avant de jouer sous la direction du metteur en scène Mohammad Al Kasem.

Lorsque la guerre survient en 2011, il se tourne vers l’écriture. Dans un premier temps, elle est un moyen pour comprendre les évènements et une fidèle confidente après la disparition d’un grand nombre de ses proches. Pour fuir le conflit, Hatem arrive à Istanbul en Turquie. Il continue de se former, pour approfondir son jeu d’acteur et écrit pour deux spectacles théâtraux ; Endless rehearsal et Three rooms. Three rooms, mis en scène par Kathryn Hamilton est créé au Shubbak Festival à Londres en 2017. L’écriture devient alors un moyen de saisir la profondeur de la conscience humaine, un terrain d’exploration et de dialogue avec l’espace intérieur de chacun et un espace pour pénétrer plus profondément dans des lieux inconnus et travailler à les montrer en jouant.

Projet de résidence :  « Le Mur ou l’éternité d’un massacre » 

 
Ce texte s’inspire de faits réels dont j’ai été témoin et survivant :  un massacre commis par l’armée du gouvernement dans deux quartiers de la ville de Deir Ez-Zor les 24 et 25 septembre 2012. Pourtant, il ne s’agit pas pour moi d’écrire un énième témoignage des atrocités de la guerre.  
Ma responsabilité d’être humain et d’artiste m'engage à ne pas occulter la cruauté d’un événement ou d’une expérience personnelle et existentielle de ce genre, d'en faire un simple événement passager écrit dans les pages noires de l’histoire, mais de prendre appui sur mon expérience pour chercher un nouveau langage et dépasser l’ineffable engendré par les atrocités de la guerre.
Je ne parle pas du massacre syrien en tant que syrien, mais en tant qu'être humain appartenant pleinement à l'humanité… Surmonter le fait réel, pour le transcender et ainsi progresser et grandir.
Née au cœur d’une vérité terrifiante, cette œuvre me permet de plonger dans des espaces abandonnés, négligés, mystérieux et étranges ainsi que dans les secrets profonds de la structure humaine. Je dissèque l’évènement, je viens étirer le temps et l’espace, multiplier les points de vue et les formes d’écriture pour explorer et dialoguer avec l’espace intérieur de chacun ; cet espace singulier et intime qui touche à l’universel.