Peshawa Mahmood est kurde iranien, réfugié politique en France. Il a travaillé sur tout type de format, en particulier très grands formats (land art sur une route). Il a commencé à dessiner des visages tristes pour la première fois dans les rues en Bulgarie en février 2016, avec un stylo et sur du papier.
Il a continué sur son chemin de migration, en Serbie, dans les camps de réfugiés, en Hongrie dans les prisons, puis à Dunkerque, en Avignon et jusqu’à Marseille. Ne pouvant communiquer, échanger encore comme il le souhaiterait, il dessine sans cesse des visages, entre autres sur des centaines d’assiettes en carton, post-its, des morceaux de papier.
"Dessiner pour garder le lien, le souvenir, l’expression des émotions ressenties, vues.
Quitter mon pays, tout quitter, partir vers des nouveaux horizons plus sécurisants s’est d’abord traduit par le rétrécissement de mes espaces, le dénuement de mes moyens matériels.
Miniaturisation des espaces de vie, espaces de travail, espaces d’expression.
Dessiner les visages avec peu de moyens en peu de temps, c’est conserver uniquement l’identité propre d’un individu, les traits émotionnels que sa vie trace, creuse, modèle.
Ici, mon format de travail, ma géographie se sont réduits, jusqu’au format d’une petite assiette en carton. Une assiette jetable, un visage à l’encre de Chine, « one shot ». Ce support, que je trouve partout, signifie pour moi l’instabilité.
Le dessin ne conserve que l’essence de l’individu sur un support fragile, jetable.
Lors de ma résidence, je voudrais confronter mon expérience douloureuse de la migration, les épreuves avec d’autres artistes en situations similaires quoi que toutes différentes.
Je voudrais continuer sur d’autres supports, matériaux (céramique, sculpture…), formats. Je voudrais agrandir, élargir, consolider à nouveau ma vision, ma création, mes champs relationnels. Retrouver l’espace, donner de l’espace et de la pérennité à des visages."