Les 13 et 14 juin 2024, l’ACCR était invitée au congrès national du réseau des Sites & cités remarquables qui se tenait dans la ville d’Angers. Dans ce cadre, l’ACCR a participé à une table ronde sur la médiation et la participation citoyenne dans le domaine du patrimoine.
Axé sur la réhabilitation et la valorisation des centres anciens, cet événement a permis de réaffirmer que la réappropriation d’un patrimoine bâti permet d’enrichir son histoire et de le maintenir vivant.
Si une partie des échanges s’est concentrée sur des questions de sobriété dans un contexte de bouleversements climatiques multiples, avec l’idée de sensibiliser à ces enjeux par des processus de réhabilitation adaptés, le volet social, matérialisé notamment par des actions culturelles, a été également discuté. Ainsi, les interactions entre projets culturels et protection de l’environnement ont été soulignées dans une démarche de transformation et d’appropriation continue des patrimoines.
L’ACCR a pu rappeler ses missions et ses valeurs en accentuant son propos sur son adhésion aux principes de la Convention de Faro. L’idée de travailler à l’interprétation et à l’application de la Convention de Faro résulte du constat d’un relatif échec de certaines politiques culturelles : les institutions culturelles sont peu, voire pas, représentatives des diversités sociales et culturelles.
Par un processus de formation sur quinze mois aux côtés des Oiseaux de passage, l’ACCR œuvre pour une nouvelle approche des patrimoines au sein du réseau et de ses partenaires. Les principaux objectifs de cette formation, à destination des équipes, sont d’embrasser les acceptions plurielles du patrimoine, de (re)politiser les patrimoines, de donner une place d’action et une voix aux communautés patrimoniales, de coconstruire des récits communs dans une démarche coopérative, de s’intéresser davantage au pourquoi conserver le patrimoine plutôt qu’au comment ou encore de considérer le patrimoine comme une ressource pour faire société et mieux vivre ensemble.
Dans cette appréhension repensée du territoire et de ses habitant.es, la Ferme de Villefavard a élaboré une balade patrimoniale a plusieurs voix avec des habitant.es afin de reconstituer et de faire connaître l’histoire des femmes du village qui contribué à le façonner. Ce projet permet ainsi de regarder l’histoire des lieux sous un nouveau prisme, venant l’enrichir d’autant plus, et à tout un chacun de partager ses récits d’attachement sur le village. Par cette complémentarité, on touche le territoire.
L’attention portée aux récits implique de respecter la diversité des interprétations et d’établir des processus de conciliation. Pour faire récit collectif et embrasser un lieu, il est nécessaire de confronter les discours, de les interroger et de les agencer. Cela demande une quête des récits patrimoniaux qui peut mettre à jour des récits occultés, oubliés, complémentaires ou encore dissonants face au récit dominant. Il s’agit de les reconsidérer afin de les transmettre aussi pour ne pas imposer une histoire unique et idéalisée aux publics dudit lieu.
La Ferme de Villefavard a ainsi questionné la place d’une institution culturelle : comment penser son rôle et ses missions au regard des spécificités d’un territoire ?
Autres exemples de projets participatifs et/ou coopératifs /
- Les Hérons nantais se présentent comme un collectif d’habitant.es engagé.es pour (re)créer un tissu local actif, répondant au besoin de cohésion sociale exprimé par les habitant.es qui ont pu se sentir mis.es à l’écart de la stratégie de développement culturel et touristique de la ville de Nantes ;
- « Les raconteurs de ville » à Elbeuf est un projet coopératif qui a permis de créer des synergies entre guides conférencier.es et habitant.es passionné.es désireux.euses de transmettre leur approche du patrimoine. Les guides conférencier.es sont ici reconnu.es dans leur qualité de personne ressource qui permettent d’aider la mise en récit et son partage dans une logique de cohabitation, de complémentarité et non pas de concurrence ;
- Le groupe La Poste, entreprise de proximité et du lien social, a endossé un rôle de médiation auprès des habitant.es afin de leur donner la parole sur des sujets du quotidien ;
- A l’occasion d’un travail sur son PLU (plan local d’urbanisme), le territoire de plaine commune a interrogé ce qui fait patrimoine pour les habitant.es en étant attentif à diversifier les formats de participation citoyenne afin de toucher tous les publics. Ce processus a fait émerger des cartes sensibles et participatives du territoire qui témoignent des formes diverses du patrimoine qui ne se résume pas qu’au bâti.