Depuis 2003, le programme Odyssée a permis à l’ACCR et ses membres de partager des expériences mutuellement enrichissantes avec plus de 750 artistes et professionnel.le.s de la culture, représentant 84 nationalités différentes, et ce dans des domaines aussi variés que la musique, l'architecture, l'artisanat, les arts plastiques, l'écriture théâtrale ou encore le cinéma d'animation, la photographie et le journalisme.

À travers des témoignages et des ateliers de réflexion collective, les participant.e.s ont pu à la fois exprimer ce que représentait la résidence, aussi bien en tant qu’artiste qu'en tant que structure accueillante, ce qu’elle impliquait en termes d'enjeux à prendre en considération pour que ce temps de création soit bénéfique à chacun.e, et les engagements communs à envisager pour l’avenir.

Une résidence dans un CCR/

Pendant ces deux jours, plusieurs CCR français et européens ont présenté leur conception de la résidence d’artiste et la manière dont cela se mettait en place concrètement au sein de leur structure. Si chaque CCR offre des expériences différentes en raison de leur projet unique de structure et des particularités du site, nombreuses sont les perspectives communes. Les CCR s’accordent autour d’une vision fédératrice de la résidence qui exige le déploiement de moyens financiers et techniques nécessaires à une libre création. 

Accueillir les artistes en résidence fait partie de l’ADN des CCR, de leur cœur de mission. Inscrites parmi les communs des CCR, l’accueil et l’hospitalité sont deux notions aux fondements des Centres. Une résidence permet de provoquer la rencontre et d’ouvrir une conversation avec l’international. Or les CCR sont, par nature, des lieux de dialogue, entre patrimoine et création contemporaine, entre culture française et cultures étrangères. De plus, leur espace, souvent vaste, s’y prête aisément.

Les CCR envisagent les résidences sous une forme active, qui reçoit tout autant qu’elle donne. Le temps de résidence est tout aussi bénéfique pour les activités et l’épanouissement du centre, qu’il l’est pour l’artiste qui profite d'un cadre de création libre et privilégié dans un environnement exceptionnel. En effet, la résidence peut être un moyen d’ouvrir une autre fenêtre sur la programmation artistique et culturelle du CCR. Quant à l’artiste, il ou elle peut s’imprégner d’une nouvelle culture propre à donner une autre perspective à son travail.

Les enjeux liés à une résidence : du choix du projet à la venue de l’artiste/

L’évidence de l’accueil et l’intérêt marqué des CCR n’atténuent pas pour autant les difficultés pour la mise en place d’un tel processus ni les questions d’organisation qui en découlent. De fait, les CCR, confrontés pour la plupart au manque de moyens humains, éprouvent des difficultés ne serait-ce qu’à consacrer du temps en interne aux choix des résident.e.s. Or, au vu de l’importance de ce choix qui représente le poumon du CCR, ce temps est essentiel et nécessite une fine connaissance du site et de son projet de structure. L’inquiétude de ne pas pouvoir consacrer suffisamment de temps une fois sur place à l’artiste est un des facteurs qui limite parfois le nombre de personnes accueillies.

Quant aux questions demandant de la logistique, celles-ci peuvent tourner autour de l’intégration de l’artiste. Les CCR ne sont pas des hôtels dans lesquels les artistes sont isolé.e.s de leur environnement. L’objectif est au contraire de permettre la rencontre avec les équipes du site, les publics et aussi les autres artistes présent.e.s simultanément. Il faut penser leur rencontre avec le territoire. Le dialogue avec l’artiste est donc primordial pour savoir comment cadencer sa résidence entre temps de création, temps de restitution et temps informel de découverte.  

Quel avenir pour les programmes coordonnés par l’ACCR ?/

Au-delà du fait de revenir sur les bonnes pratiques en place depuis 20 ans, cette Rencontre avait pour ambition de se questionner sur l’avenir des résidences en solidifiant certaines voies ou en en explorant d’autres.

A notamment été appuyée la nécessité d’entretenir les liens avec les Instituts Français qui permettent de faire la passerelle entre les artistes et les programmes de résidence français. Interface entre la scène culturelle française et internationale, les Instituts Français offrent leur expertise sur la scène internationale et leur fine connaissance des marchés locaux.

Dans un souci écologique, la durée de séjour des artistes au sein des CCR a fait l’objet de discussions. Allonger la durée de séjour des artistes venant de loin, par avion, semble raisonnable. L’idée de multiplier les résidences croisées permettrait également d'optimiser la venue d’un.e artiste : une fois en France, de nombreuses options de mobilité douce existent pour se rendre d’un CCR à un autre que ce soit en France ou en Europe. Les résidences apparaissent ainsi comme le moyen de fédérer davantage le réseau et de faciliter les projets communs.

Afin de formaliser les engagements déjà à l’œuvre et ceux à venir, l’idée de la rédaction d’une charte commune des résidences, déjà amorcée à la Corte Ospitale lors d’une formation ARIIP Erasmus+ en 2022, a de nouveau été mentionnée. Un appel à manifestation d’intérêt devrait être envoyé aux CCR pour lancer le projet au premier semestre 2024.