À l’occasion des 20 ans du programme de résidence Odyssée, l’ACCR et ses partenaires se sont réunis à la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret, à Paris, les 11 et 12 mai derniers. Grâce à des partages d’expériences et des ateliers, ces rencontres ont permis de réfléchir collectivement aux enjeux liés à la résidence d’artistes et professionnel.le.s de la culture telle qu’envisagée par les CCR.
Ces moments d’échange entre pairs ont permis à chaque Centre de présenter son mode de fonctionnement. La présence d’institutions partenaires et d’artistes, reçu.e.s par le passé ou présentement en résidence dans un CCR, a contribué à enrichir les discussions afin de faire évoluer les modèles en place pour correspondre au mieux aux attentes des artistes.
/Un cadre d’expression libre
Les CCR s’accordent pour offrir aux artistes, professionnel.le.s de la culture et chercheur.euse.s accueilli.e.s en résidence un cadre propice à la création dans lequel les résident.e.s n’ont à gérer ni les contraintes quotidiennes ni la pression extérieure.
Ce cadre privilégié leur permet de se consacrer entièrement à leur création sans que celle-ci ne soit conditionnée par une obligation de résultat, par une obligation de présentation ou par un temps imparti devant mener à la finalisation de l’œuvre ou de la recherche.
Pour que cette liberté s’exprime, l’importance de moduler les formats de résidence aux besoins des artistes est donc une donnée clé. C’est notamment ce que propose l’abbaye de neimënster, au Luxembourg, avec des résidences « à la carte » qui permettent de co-définir le projet une fois l’artiste sur place. La communication est un facteur créant un cadre d’expression libre.
/L’intégration des artistes
Les résident.e.s font partie intégrante du quotidien des CCR. Il s’agit de leur offrir une expérience de vie au cœur des activités du CCR. Par exemple, à la Ferme de Villefavard en Limousin, les artistes sont quotidiennement invité.e.s, s’ils ou elles le souhaitent, à manger avec les équipes du centre. Grâce à ces moments informels et à l’accueil soigné qui leur est réservé, les artistes sont pleinement intégré.e.s au centre.
Cette intégration passe également par la considération des résident.e.s et de leur projet en leur proposant un accompagnement personnalisé selon leur profil et leurs ambitions. Soutenir leur création permet de les valoriser et ainsi de favoriser leur épanouissement au même titre que les équipes des centres ou que les autres artistes reçu.e.s hors programme de résidence. Le Plus Petit Cirque du Monde (PPCM) accorde une attention particulière aux artistes émergent.e.s qui se lancent dans leur premier projet professionnel.
/Favoriser des projets sociaux
Un des communs des CCR repose sur la volonté d’intégrer les habitant.e.s du territoire environnant et les visiteur.euse.s au projet qui structure le site. Les CCR sont animés par un enjeu social fort qui vise à favoriser le lien entre les personnes autour du patrimoine et de la création contemporaine.
Dans cette dynamique, le choix des résident.e.s peut s’orienter vers des projets qui seront vecteurs de lien social. C’est par exemple le cas du château Ujazdowski, en Pologne, qui avait accueilli une cheffe new-yorkaise souhaitant créer un four dans le parc du château pouvant servir même une fois partie aux usager.e.s du site pour cuisiner et manger en extérieur.
Bien que les artistes ne soient aucunement obligé.e.s de proposer une restitution de leur travail ou encore d’animer des temps de médiation auprès des publics, ce temps de partage se met bien souvent en place d’un commun accord entre artiste et CCR. Les équipes du PPCM prennent par exemple le temps de discuter avec les artistes sur leur manière d’envisager le lien avec le public pour que cette restitution soit la plus bénéfique possible pour tous et toutes.
Cet enjeu social des projets de résidences se matérialise également dans une création directement inspirée par le territoire d’accueil, ayant ainsi du sens dans un contexte spécifique auquel s’identifient les locaux. C’est par exemple le cas à la ferme de Villefavard avec le projet « Works songs » qui mettait à l’honneur les chants traditionnels des agriculteur.rice.s du Limousin. Pour le mener à bien, l’artiste est allé à la rencontre des élèves du lycée agricole ou encore des fermes biologiques alentours. Travailler sur cette identité permet d’inclure les habitant.e.s et de valoriser leur héritage.