Que contiennent les valises d’un écrivain ? Après les malles légendaires de Fernando Pessoa, Raymond Roussel ou Antonin Artaud, voici les valises de Jean Genet, écrivain vagabond, sans domicile, sans bureau, sans bibliothèque.
Entré par effraction en poésie avec la publication du Condamné à mort, en 1942, Jean Genet rédige ses premiers livres en prison mais se retire de la scène littéraire au moment même où son théâtre le fait connaître dans le monde entier. Il dit alors avoir renoncé à écrire. Et pourtant, durant près de vingt ans, d’une chambre d’hôtel à l’autre, du camp de Chatila à la Goutte d’Or, des ghettos noirs d’Amérique à la petite ville de Larache au Maroc, il transporte dans ses minces bagages les matériaux d’une œuvre rêvée où sa vie entière est consignée, de sa jeunesse perdue à ses dernières péripéties politiques.
En avril 1986, quelques jours avant sa mort, Jean Genet confie à Roland Dumas, son avocat rencontré pendant la guerre d’Algérie, deux valises de manuscrits. Un mois plus tard paraît son ultime chef-d’œuvre, Un captif amoureux. Durant trente-quatre ans, ces valises ont dormi dans le secret du cabinet de l’avocat avant que celui-ci ne décide d’en faire don à l’IMEC.
Brouillons, manuscrits inédits, notes éparses… le dernier atelier de l’écrivain est aujourd’hui révélé au public.
Une exposition proposée par Albert Dichy