L’auteur libanais avait pour ambition de réunir deux dispositifs littéraires distincts. D’une part, le roman urbain où les péripéties des personnages deviennent le prétexte à une description socioculturelle et spatiotemporelle d’une ville donnée. D’autre part, la psychogéographie qui utilise la marche en ville pour notamment dénoncer les dérives de l’urbanisme financiarisé. Son projet littéraire met ainsi à l’honneur les questions urbaines, et plus précisément celles appliquées au cas de Beyrouth.

Une fois arrivé à l’IMEC, ce projet d’écriture a pris un nouvel angle : comment parler de Beyrouth par le prisme de l’explosion du port de la ville survenue le 4 août 2020 ?

« Dans les jardins de l'IMEC, suite à une conversation autour des grandes catastrophes, Nathalie Léger m'a mis entre les mains un livre de Paul Virilio, Ce qui arrive, publié en 2002 par la Fondation Cartier pour l’art contemporain et les éditions Actes Sud. Ma résidence d'écriture s'est ensuite naturellement déroulée sous le signe de ce beau livre sur les grands accidents et du travail de Virilio en général. Le titre de l'ouvrage collectif Ce qui nous arrive (préfacé par Charif Majdalani) qui accueille mon texte, Silo, ainsi que des textes de Michaël Ferrier, Makenzy Orcel, Ersi Sotiropoulos, Fawzi Zebian traitant des catastrophes mondiales qui ont bouleversé le premier quart du XXIème siècle est lui-même inspiré du livre de Virilio. En exergue de Silo : « Une société qui privilégie inconsidérément le présent, le temps réel, au détriment du passé comme du futur, privilégie aussi l’accident. » — Paul Virilio, Ce qui arrive (Actes Sud/ Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2002). »

Ce recueil collectif se compose de cinq récits, cinq fictions autour du thème de la catastrophe. Chaque récit se concentre sur un événement en particulier : catastrophe naturelle, nucléaire, ou encore crise économique et politique.

Chaque texte retrace avec précision le déroulé de la catastrophe choisie aussi bien en termes de constat des faits que de répercussions émotionnelles. Au-delà de la description, un aspect documentaire permet de mesurer les responsabilités de chacun, dans l’espoir, peut-être, d’éviter que cela ne se répète.

Dans Silo, le lecteur est dans un premier temps invité à lire le monologue intérieur d’un silo à grains situé sur le port de Beyrouth et touché de plein fouet par l’explosion. Ce silo personnifié nous conte sa tragédie qui se révèle être celle d’une ville entière, toujours en plein processus de reconstruction deux ans après cette catastrophe. Entre recherches des causes et/ou des responsables et tristes constats des conséquences, Silo dresse un état des lieux poétique, désolant mais révolté, et parfois accusateur, des suites de l’explosion.  

Pour découvrir l’incipit du texte Silo de Camille Ammoun, nous vous invitons à suivre ce lien.