Artiste interdisciplinaire et historien d’art, Gregory Buchakjian est le directeur de l'École des arts visuels à l’Académie libanaise des beaux-arts - Alba. Ses recherches sont basées sur l’archive, l’archéologie et le récit, notamment sa thèse de doctorat à la Sorbonne (2016), l’ouvrage Habitats abandonnés, une histoire de Beyrouth (Beyrouth, Kaph Books, 2018), les expositions Abandoned Dwellings, Display of Systems (Beyrouth, Musée Sursock, 2018, commissaire : Karina El Helou) et Habitats abandonnés de Beyrouth (Bruxelles, Villa Empain, 2019). En 2018, il contribue au premier pavillon libanais à la Biennale d’architecture de Venise et aux Works on Paper de Cycles of Collapsing Progress de Karina el-Helou à la Foire Internationale d’Oscar Niemeyer à Tripoli. En 2019, il conçoit l’installation Where do filmmakers go ? pour les 2e ciné-rencontres de l’Alba « Filmer en temps de guerre ». En 2021, il crée avec Valérie Cachard et Sary Moussa la vidéo Agenda 1979 pour l’Opéra national du Rhin et l’installation Hercule et Omphale pour l’exposition How will it end ? (Commissaires : Alicia Knock et Louma Salamé) à partir d’une peinture qu’il a attribué à Artemisia Gentileschi. En 2022, il conçoit le volet historique de l’exposition Beyrouth. Les temps du design (Commissaire : Marco Costantini) au CID Grand Hornu et au Mudac, Lausanne.
Projet de résidence
Chaque objet et chaque lieu génèrent des symptômes. Ces derniers prolifèrent, nourris par les récits, témoignages, légendes et coïncidences. Lorsqu’elles sont inexistantes, les archives nourrissent des questionnements – les trouvera-t-on un jour ? que contiennent-elles ? - et lorsqu’elles sont présentes, elles sont paradoxalement à la fois abondantes et lacunaires. Chaque enquête est incomplète et comporte à jamais des trous. Néanmoins, chaque enquête a la capacité de muer et de s’engouffrer dans des directions inattendues. L’idée de base de cette proposition consiste à poser les éléments collectés aux cours projets antérieurs tels Habitats abandonnés et Artemisia Gentileschi et à se pencher sur les coïncidences, correspondances et croisements qui les lient. Il s’agit de dénouer les nœuds inextricables de cette masse foisonnante puis de tricoter une nouvelle trame. Dans le cadre de la résidence qui s’est déroulée du 24 mai au 24 juin 2022 à l’Abbaye d’Ardenne, deux fonds d’archives de l’IMEC ont été explorés : Marguerite Duras pour Hiroshima mon amour et Alain Robbe-Grillet pour L’année dernière à Marienbad. Ces deux films réalisés par Alain Resnais croisent ma pratique depuis des décennies. Ils sont exemplaires tant sur leur traitement du récit que leur relation avec les lieux, le temps, les ruines. En ce sens, ils servent de générateurs et activent coïncidences, correspondances et croisements.