Du 24 juillet au 7 août 2023, Mohammad Reza Rahesh, musicien et chanteur afghan, était en résidence artistique à l’abbaye de Sylvanès dans le cadre du programme NORA, programme réservé aux artistes, professionnel.les de la culture et chercheur.euses réfugié.es en France. Il a notamment pu travailler sur son projet d'ethnomusicologie sur la musique hazara.
« Pendant mon séjour, Michel Wolkowitsky m'a appris des exercices pour améliorer et professionnaliser mon chant : différentes techniques de chant, une meilleure respiration pour la performance ou encore une meilleure façon de se produire en concert.
En plus de cela, j'ai interviewé des artistes en Afghanistan afin de collecter et de comprendre la musique traditionnelle Hazara et les distiques folkloriques interprétés avec cette méthode musicale. Par exemple, le professeur Hamid Sakhizada est un chanteur folk et pop afghan qui vit en Norvège. Il a également fait des recherches sur la musique Hazara, ce qui m'a beaucoup aidé dans ce projet.
J'ai également eu une conversation avec le professeur Ali Daryab, un chanteur et compositeur qui vit en Afghanistan. Ali Daryab est un chanteur célèbre de la musique traditionnelle Hazara, il en maîtrise très bien ses formes anciennes et sa poésie.
Avec l'aide de ces deux artistes, j'ai pu choisir cinq styles issus de différentes régions d'Afghanistan, principalement habitées par des Hazaras. Cet arrangement a été présenté dans le cadre de cette résidence et a été joué lors d'un concert.
Pendant le séjour à Sylvanès, des choses positives et bonnes se sont produites, et ce dès la première semaine notamment grâce à des rencontres avec des artistes professionnels comme Golgevit Élène, qui est professeure de chant, et Bonneu Charlotte qui est pianiste et professeure de piano dans un conservatoire à Paris. Ils avaient organisé une formation de chant pour 6 chanteurs professionnels. Puis, ils ont interprété leur œuvre lors d'un concert.
Faire la connaissance de musiciens professionnels spécialisés chacun dans leur profession est pour moi un honneur et ouvre également la voie à mes projets futurs. J'ai pu, entre autres, parler avec eux des conservatoires en France.
Faire connaissance avec d'autres artistes m'aide à mieux travailler les musiques traditionnelles des Hazaras que ce soit par les formations qu'ils dispensent ou par le partage des méthodes qu’ils suivent pour être efficaces.
En plus de cela, nous avons parlé de la culture, de la musique, des livres, des films et de la nourriture de différents pays avec les professeurs de musique et les étudiants venus suivre ce cours.
Pendant ce même stage, un deuxième groupe travaillait sur la musique mongole. Curtet Johanni a donné ce cours. C'était la première fois que j’entendais de près l'interprétation du chant mongole, c'est pourquoi j'ai participé à la partie de chant mongol pendant une journée entière. Cela m'a fait connaître des informations utiles sur cette musique.
Au cours de la deuxième semaine à Sylvanès, j'ai discuté avec plusieurs autres artistes : JANSSENS Els et TAVARNIER Frédéric qui jouaient de la musique du IXe siècle.
Puisqu'il s'agissait du 46ème Festival de l'Abbaye de Sylvanès, les concerts ont été nombreux. J'ai eu l'occasion d'assister à des concerts de musiques différentes que je ne connaissais pas et que je n'avais pas vu en live. C'était une bonne expérience !
Le seul point négatif de ce séjour était sa durée : le séjour a été trop court pour le projet que j'ai mis en place. C'est pour cela que je n'arrivais pas à me concentrer correctement et à travailler sur ce projet comme il le fallait, je n'avais pas assez de temps.
Ainsi, pour un projet élaboré pendant plusieurs mois, je n’ai eu que deux semaines – avec des interviews, des répétitions musicales, l'écriture de textes sur la musique Hazara et la traduction de poésie en français - pour le mettre en œuvre de manière intensive et rapide. Cela m'a empêché de participer à tous les cours qui avaient lieu. J’aurais aimé parler à davantage d'artistes et les voir jouer dans différents endroits également. Je suggère donc d’accorder plus de temps à de tels projets de recherche.
J'ai eu une très bonne expérience ! Je tiens à remercier tous ceux qui ont collaboré avec moi à ce projet et je leur serre chaleureusement la main à distance. »
Témoignage de Reza RAHESH, rédigé en septembre 2023.