Où va l’amour ? Existe-t-il une archive de l’amour, avec ses magasins, ses tiroirs bien rangés, ses cotes, ses registres, son ordre alphabétique, chronologique ou thématique, ses couloirs souterrains… ?
En franchissant l’enceinte de l’IMEC, Hélène Frappat découvre les archives d’écrivains amoureux. Elle y décèle ce qu’elle nomme « archivisme » : forme d’espionnage du sujet amoureux – de l’être aimé, comme de soi-même aimant ; cambriolage vampirique des traces, matérielles ou invisibles, de l’aventure amoureuse ; embaumement du sentiment.
L’archive, la vie, l’œuvre sont inextricablement liées. L’effervescence créatrice essaime des scènes érotiques avec ou sans ratures, des rencontres tracées sur des pages, des corps dansants, des prénoms comme des envoûtements, des déclarations martelées sur des machines à écrire, griffonnées à la hâte ou miniaturisées dans des télégrammes, des amants délaissés, des mères adorées, des pères disparus… Dans cette archive de l’amour apparaissent l’enchantement, l’idéalisation, mais aussi l’obsession, l’inquiétude, la désolation, la perte de soi.
Dédié à l’écriture des figures et des couleurs de l’amour, ce parcours présente une quarantaine de pièces d’archives issues des collections de l’IMEC.
Hélène Frappat est romancière, essayiste, traductrice et critique de cinéma. Elle a publié plusieurs romans aux Éditions Allia et Actes Sud, dont Par effraction (2009), N’oublie pas de respirer (2014) et Le Dernier Fleuve (2019).
Exposition présentée dans le cadre du festival Normandie Impressionniste
visuel : Fred Deux