Dans le cadre des Rencontres « Patrimoines vivants : échanges et coopérations au cœur des territoires », le groupe suivant la formation « Interpréter et appliquer les principes de la Convention de Faro », organisée par l’ACCR et les Oiseaux de Passage depuis octobre 2023, a pu partager ses avancées.
S’il n’entre pas dans les missions de l’ACCR et de ses adhérents de faire la promotion stricto sensus de la Convention de Faro, il n’en reste pas moins que la convention pluriannuelle d’objectifs qui lie l’association au ministère de la Culture stipule que :
“L’ACCR contribue en particulier à développer l’expertise des équipes des CCR concernant l’appropriation du patrimoine par les habitants. Étant donné leur relation privilégiée avec le territoire, les CCR considèrent l’habitant comme une personne porteuse de références culturelles qui s’engage dans la vie culturelle locale et non comme un usager ou un public potentiel. Dans l’esprit de la Convention de Faro et des droits culturels, elle agit notamment en faveur du développement de communautés patrimoniales dans l’environnement des CCR et contribue à interroger le sens du patrimoine ainsi que son appropriation par l’ensemble des habitants.”
Sur la base de ce texte, l’ACCR a initié, depuis décembre 2021, une expérimentation autour des méthodes d’approche des patrimoines qui s'est concrétisée par un processus de formation au long cours à destination des membres du réseau et de ses partenaires, le tout coordonné par les Oiseaux de Passage.
Il s’agit de concilier les intérêts du réseau et de répondre aux enjeux qui animent les CCR, parmi lesquels la transition écologique et sociale, un changement dans l’approche touristique et dans l’appréhension de la ruralité. Ainsi, le groupe de travail réfléchit à l’élaboration d’une méthodologie qui permet d'innover, de créer de nouveaux récits et de nouvelles offres culturelles sans que cela ne soit contraignant pour les équipes.
L’objectif de cette formation est de disposer d’outils à mettre à la disposition des équipes de terrain et de direction afin d’appliquer de façon transversale dans leurs activités les principes de la Convention de Faro, et ce quelles que soient les spécificités des centres. Parmi les outils créés, peuvent être cités : un glossaire, une FAQ, des modules d’initiation pour mieux appréhender certaines thématiques (nuances entre un modèle participatif et un modèle coopératif, entre des visites guidées descendantes et des balades co-construites, …), une grille d’auto-appréciation de sa structure au regard des principes de la Convention de Faro, un répertoire des personnes ressources, une bibliographie, …
A l’heure où le rapport de la société à la création contemporaine s’avère complexe, l’ACCR propose de valoriser le travail des équipes, en tant que personnes ressources pour les territoires. Il s’agit de réinterroger nos manières de faire ainsi que la considération et la place accordées aux habitants des territoires dans les choix de programmation culturelle. À une approche élitaire et excluante du patrimoine, l’ACCR privilégie une approche qui invite à reconnaître le droit au matri-patrimoine culturel comme droit humain de participer à la vie culturelle.
Elle invite à « faire patrimoine ensemble » en privilégiant, sur le terrain, la coopération de toutes les parties prenantes : savants, spécialistes du matri-patrimoine, responsables publics, entreprises privées, associations et toutes les personnes désireuses de prendre part. La Convention de Faro invite au respect de la diversité des récits et à leur mise en dialogue pour faciliter la compréhension mutuelle et le bien vivre ensemble.
La Convention de Faro propose aussi que la responsabilité patrimoniale soit davantage partagée entre les élus, les institutions et la société civile afin de renforcer la démocratie. Les CCR pourraient être localement des laboratoires démocratiques de gestion du patrimoine en créant les conditions démocratiques de dialogue avec la diversité de leurs résidents qui sont des salariés, des administrateurs, des touristes, des artistes, des voisins, des institutionnels et des universitaires. Par exemple, le château de Goutelas réfléchit à cette gouvernance partagée.
Afin d’accompagner les équipes désireuses de s’interroger sur ces nombreuses notions, le groupe de travail pourra, à terme, se déplacer sur le terrain afin de présenter les outils à disposition et de partager les réflexions.